HACHCHANE HASSAN Né en 1964 à Mohammedia Vit et travaille à Mohammedia
Il peint la vie quotidienne, avec une prédilection pour les représentations de scènes marocaines. Mais sa passion demeure le portrait où il révèle sa maîtrise de plasticien et exprime sa générosité quasi émotive pour l’être humain et ses expressions…Ses petits portraits berbères son des chefs d’œuvre à la fois de réalisme et d’expressionnisme.
Professeur de la didactique des arts plastiques.
Hassan Hachchane ne sait dompter ses fulgurances de dessinateur hors paire depuis son très jeune. Le prodige en effet peignait comme un fou , dut-il me conter , et son père qui remarqua très tôt les signes avant-coureurs de l’enfant ,artiste en herbe à sept ans déjà , n’hésita pas à lui acheter avec quoi assouvir ses premières manies .Le talent très tôt révélé le laisse partir dans une recherche éperdue des moyens et divers procédés pour parfaire sa maîtrise de la peinture.
L’adhésion fut tellement forte que l’homme, sur ses bancs d’étudiant officiel aux cours de peinture, affichait quelque vague sensation de surdoué qui demandait bien plus que des cours d’analphabétisme pictural à ses professeurs . Et c’est la ruée de bon peintre réaliste vers une peinture figurative très élaborée sur commande .Le grand maître universel de l’art figuratif , Nipo Constantin qui préféra écouler ses derniers jours au Maroc et nous a quittés voilà cinq ans de cela , eut vent de la chose et vint solliciter la collaboration rémunérée, de toute évidence du génie méconnu du pinceau. L’homme acquiesça. Une occasion pour éroder son savoir-faire et gagner de quoi pouvoir créer plus tard, à l’abri des besoins matériels.
Et tout d’un coup , comme insinué plus haut , l’homme est secoué par un déclic et dévoile son œil , annonçant une rupture avec l’ expérience classique pour faire voir une imagerie faite de réminiscences réinventées , à l’image de cette fameuse serveuse, au rouge à lèvres voyant et à la parure de couleurs attirant le regard de buveurs habitués d’un certain endroit . Une véritable mascotte qui trône en plein centre de la toile, un modèle idéal pour la spontanéité avec laquelle elle savait se mouvoir avec la clientèle, m’eut révélé l’artiste.
Le peintre la rend avec une curiosité non sans moralisme discret ni sentimentalisme manifeste. Une perception empreinte d’humanité car l’artiste a saisi avec brio la personnalité de son modèle quoique retenu de mémoire. Le peintre a rendu le sentiment qu’il entretient à l’égard de ses personnages, tout en faisant apparaître le masque social dont beaucoup se revêtent pour afficher une indifférence qui porte à réfléchir. Et tout autour de la mascotte, ces chérubins inspirés d’angelots dans la peinture classique sauf que ceux-là n’ont rien des anges puisqu’ils sont perçus , ces êtres aux corps longilignes , aux têtes énigmatiques, comme des mâles égarés à la recherche de quelque chose à assouvir .
Hassan Hachchane rend l’exotisme mystérieux sans faire de ses personnages ni des démons ni des singes mais des êtres énigmatiques, en excellant toutefois dans des anatomies encore sélectives, peu soucieux du détail. Le style y est, figuré sans abstraction aucune .« Une peinture où les formes n’existent pas c’est du néant » Le plasticien en mal d’images y croit dur comme fer .Bien plus encore , le souci de l’original est tel que le peintre laisse entendre qu’il a horreur que sa peinture « ressemble à celle de quelqu’un d’autre ».
Voilà ce qui est fait. Hassan Hachchane nous met en présence d’un art qui lui ressemble à merveille. L’égo y est, manifeste. L’humour est discret L’imaginaire s’annonce prometteur de maints délices. . Point de secret. « Tu te libères des dogmes, tu cherches l’absurde et tu trouves » .En voilà une recette magique pour être à la fois soi- même et autre, d’un virtuose qui nous vient , armé de techniques et pourvu de concepts, peignant sans soucis majeurs encore frais ,en quête de différence, éperdument .
Ahmed FASSI
Tanger. 8 octobre 2018
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