Mot de l’artiste
« Le moment de présentation de son œuvre est toujours un instant d’angoisse difficile à traduire par des mots sachant que la peinture transcende la parole et l’écriture.Au début, était la spontanéité, la recherche de l’émotion, les voies impénétrables de la beauté et de l’expression par la magie des formes et le nuances des couleurs. Les normes traditionnelles de la peinture m’ont indisposé par leur formalisme qui bloquait ma volonté d’innovation et de création.
Après une période d’errance, une fixation sur les visages et leurs expressions contradictoires m’envahit et guide mes pinceaux pour refléter les états d’âme de la nature humaine. L’insaisissable dans les visages devient mon projet d’exploration à l’infini. Le détour par le corps féminin dont les formes, les courbes, l’ombre et la lumière est un moment d’évasion qui complète l’éternel être.Un tel itinéraire ne peut s’accomplir qu’en brisant les conformismes et les règles établies qui jugulent la créativité.
Aali Khalild exhibe la réalité. Il la met à nu, la décharne et nous entraîne dans sa lente et, -étrangement- fascinante décomposition. C’est l’âme, insaisissable et impénétrable qu’il veut capturer, dans toute sa complexité. Il nous provoque et réinvente avec délicatesse et dextérité la décadence, splendide et maladive à la fois.Dans cette géhenne, sombre et éclatante, raffinée, décadente et voluptueusement subversive, l’artiste donne vie à l’inexprimable. Il fixe le néant et dans un silence bavard, ses toiles, ses personnages, ses couleurs hurlent le spleen et l’inachevé, se tordent dans un sabbat débridé et frénétique de mélancolie. Les formes, les corps, s’évaporent peu à peu laissant apparaître des âmes honteuses, meurtries, mortifiées, perdues dans les dédales insondables d’une identité plurielle qui écrase l’individu sous le joug d’une masse syphilitique déambulant paralytique et s’effaçant peu à peu comme une chimère. Ces œuvres nocturnes sont une lente et délicieuse décente aux enfers.Et pourtant, il m’est difficile d’approcher l’œuvre d’Aali Khalild avec les mots pour seuls outils car on ne peut sangler ce qui est insaisissable et infini. Dans un travail acharné de la couleur et de la forme, Aali Khalild refuse de mimer la réalité. Il la veut sombre, fauve, inexorable et moribonde à la fois. C’est une palette jeune et audacieuse que nous découvrons avec Aali Khalild, une palette profonde et pure qui révèle l’esprit multiple et éploré du siècle. Car comme dirait Kandinsky : « Chaque artiste, comme créateur, doit exprimer ce qui est propre à sa personne – chaque artiste, comme enfant de son époque, doit exprimer ce qui est propre à cette époque. Chaque artiste, comme serviteur de l’art, doit exprimer ce qui, en général, est propre à l’art ».
Sur le plan formel, l’œuvre d’Aali Khalild ne requiert aucune référence aux objets et êtres réels dont les contours se dissolvent plutôt pour exprimer des émotions et des sensations par le biais de la couleur et de la forme, de façon à élaborer une sorte de « musique visuelle » car « l’art ne reproduit pas le visible, il rend visible ».
Mais encore, Aali Khalild est porteur d’une double révolution : il fait de l’émotion subjective et mouvante l’objet de sa propre recherche esthétique et nous emmène encore plus loin dans l’univers insondable de la psyché, dans l’angoisse existentielle qui nous toise, dans les peurs ancestrales, les tabous, les mythes que nous cultivons, consciemment ou non. Mêlant ainsi l’art de la provocation à une spontanéité et à une sobriété illuminées. C’est une composition exquise qui donne à l’émotion de la chair et du sang.
Les personnages de Khalild sont violemment expressifs et son usage des couleurs flamboyantes, dans des tableaux comme « Les vierges folles et les époux infernaux » ou encore « Diversité aliénante », apparait comme la manifestation d’une angoisse qui l’apparente à Soutine, Munch et Kokoschka. Il révèle ainsi à travers son art la médiocrité, la passivité et la vacuité d’une humanité triste et misérable. C’est une réaction vive et à la fois douloureuse de l’artiste face à la frénésie, la violence et l’aliénation de la vie moderne. Aali Khalild est sans doute doté d’une sensibilité tourmentée qui lui permet justement d’opérer la fusion des formes, l’intégration de l’émotion et de la peinture et fait ainsi son originalité. Œuvres nocturnes est une délectable tempête, fidèle à l’âme épicurienne et pourtant mélancolique de Khalild Aali.
Les Spectres Illuminés sont les personnages d’une tragédie existentielle picturale qui donne à l’œuvre d’Aali Khalild une teneur et une puissance poétique paradoxale, sombre et illuminée, douce et amère, arrachant à la mort un semblant de vie et une bribe d’espoir.
Talent inexorable, mélancolique, tourmenté, libre et libéré et dont l’excentricité n’est pas un des moindres charmes. La preuve est faite et le résultat est terrifiant et fascinant à la fois : Aali Khalild, peintre de la mélancolie se fait le Nostradamus de la peinture avec ses spectres illuminés, ces ectoplasmes prémonitoires qui au-delà de l’image révèlent l’invisible, suggèrent l’inachevé, la fragilité et l’angoisse primaire inéluctable : « Nous sommes la triste opacité de nos spectres futurs » comme dirait si bien Mallarmé.
Les spectres illuminés, visages blêmes, bouches d’ombre, regards vitreux, se perdent dans l’opacité pénétrante du néant qui les dévore à moitié et ce malgré leur nitescence, toutefois insaisissable. L’œuvre d’Aali Khalild se transforme en une sorte de miroir hermétique reflétant le spectateur, ses angoisses, sa difformité et sa noirceur originelles avant même de réfléchir l’artiste. L’angoisse nous prend alors aux entrailles : Tout est éphémère et ces apparitions illuminées sont là pour nous le rappeler.
Textes Marcello Bellan (critique sur l’exposition « Œuvres Récentes à So’ Gallery à Rabat)
Une galerie de personnages plutôt que d’être humains, un ensemble de figures, d’êtres fantômes qui conduisent notre regard à travers une scène théâtrale personnelle, voir intime, que le plasticien Khalild Aali s’applique avec patience et dévotion à dévoiler dans ce travail.
le silence de ces personnages cherchent à parler, il s’agit de gestes incontrôlés ou inaboutis, l’expression d’un effortpur dont l’interprétation positive ou négative s’offre à nos sens , en quelque sorte elle nous appartient. voyages en Asie, en Afrique et en Europe. Ses toiles font preuve d’une recherche acharnée de l’expression, servie par une gestualité débridée et d’un libre traitement de la gamme chromatique. et l’écriture.
Au début, était la spontanéité, la recherche de l’émotion, les voies impénétrables de la beauté et de l’expression par la magie des formes et le nuances des couleurs. Les normes traditionnelles de la peinture m’ont indisposé par leur formalisme qui bloquait ma volonté d’innovation et de création.
Après une période d’errance, une fixation sur les visages et leurs expressions contradictoires m’envahit et guide mes pinceaux pour refléter les états d’âme de la nature humaine. L’insaisissable dans les visages devient mon projet d’exploration à l’infini. Le détour par le corps féminin dont les formes, les courbes, l’ombre et la lumière est un moment d’évasion qui complète l’éternel être.
Un tel itinéraire ne peut s’accomplir qu’en brisant les conformismes et les règles établies qui jugulent la créativité.
May 2015 Kasser Rassu Gallery Marbella
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