Source : http://www.sielec.net/pages_site/FIGURES/Chalaye_euloge/Chalaye_Euloge_1.html
« Vous avez cru nous apporter la lumière mais en réalité, vous désirez nous entraîner, avec vous, dans votre nuit ! »
Jean-François Durand affirmait, en 1999, à propos de René Euloge, écrivain berbérophone, instituteur à Demnat, dans l’Atlas méridional marocain, en 1923, qu’il « n’eut aucun mal à passer de la peinture de l’autre à la pleine reconnaissance d’autrui, y compris à travers les figures de dissidents berbères dont il admira les convictions et le courage » . C’est sur les mots « n’eut aucun mal » que nous voudrions revenir, ici, pour mettre, au contraire, en lumière l’extrême complexité des propos d’un auteur déchiré entre la tradition berbère et la « modernité coloniale ». Dans sa longue carrière qui s’étend de 1919 à 1963, il est nécessaire de donner une date de référence à notre problématique : nous choisissons la date de 1928 après la guerre du Rif et juste avant le Dahir berbère de 1930, même si nombre de textes cités sont antérieurs ou postérieurs. Insistons sur le fait qu’il s’agit d’une photographie à un moment donné. L’auteur n’aurait certainement pas dit la même chose en 1963 qu’en 1928…
L’instituteur, héros de la nouvelle Le Serment a répertorié sur un carnet qui pourrait bien appartenir à l’auteur, un certain nombre de remarques ethnographiques dont le réalisme brutal est la constatation objective de la violence d’une situation dont il est l’un des acteurs. Ces notations, criantes de vérité, dépeignent, uniquement, la position d’un fonctionnaire français dans le Haut-Atlas en 1928 : « Un Européen qui s’installe chez les Chleuhs ne doit jamais oublier que ses moindres faits et gestes sont épiés et interprétés favorablement ou non selon maintes circonstances ». Euloge dévoile les équilibres réalisés par l’administration du Protectorat et leur fonctionnement avec tous les travers ainsi créés. Il se présente comme un simple observateur de la crainte coloniale.
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