Mohamed Eskouni : quel talent !
Enfin, un artiste qui se réalise dans la peinture abstraite! Mohamed Eskouni, jeune et prodigieux artiste peintre que les amateurs de belles toiles apprécieront.
La vie est bizarrement faite. Rien ne prédestinait Mohamed Eskouni à la peinture. Aussi loin qu’il puisse remonter dans sa mémoire, il ne se souvient pas d’une hérédité ou d’un événement qui aurait pu le pousser sur la voie de l’art en général. Au contraire, quand il évoque son enfance ou son adolescence, on a du mal à comprendre son cheminement. Au regard du résultat qu’il exhibe aujourd’hui, on ne peut être que surpris. Aucun doute, Mohamed Eskouni est un véritable artiste. I1 fallait avoir une personnalité peu ordinaire pour devenir artiste-peintre quand on a évolué dans un contexte où tout n’est que rigueuret difficultés.
Un passé sans or
Mohamed Eskouni se souvient de son enfance. On ne peut pas dire qu’il ait été élevé dans le faste. Au milieu de ses 5 frères et 2 sœurs, il a dû apprendre très tôt que la vie est difficile. Elle n’est pas pour lui un roman.
Il est né en 1972 à Sidi Slimane. Dès l’âge de 6 ans, il est orphelin de père. Par pudeur, il taira ce dramecomme s’il ne voulait pas afficher sa souffrance. La blessure a dû laisser des séquelles. Son mutisme à ce sujet en est une preuve. Imperceptiblement, le timbre de sa voix change. I1 y a une forte émotion. I1évoque l’admirable dévouement de sa mère. C’est elle, et elle seule, qui prend en charge la destinée deses enfants. Le courage de sa mère l’a marqué. Elle n’a aucune qualification particulière, mais unevolonté hors du commun. Ce sera une succession de petits boulots et, enfin, le commerce, activité qui lui permettra de préserver ses 8 enfants. Mohamed Eskouni ne se souvient pas d’avoir manqué dequelque chose. L’absence du père a soudé davantage la famille. S’il devait, en un mot, définir son enfance, il évoquerait sans nul doute la solidarité, et peut-être aussi le bonheur.
Quelle place a occupé l’art dans on adolescence? Aucune si on en croit ses propos. Pourtant, on ne peut soutenir que l’art fut absent. Trois de ses frères sont des musiciens amateurs. Un autre est professeurd’arts plastiques. On serait tenté de croire que l’art est une seconde nature dans la famille Eskouni.D’ailleurs? le jeune artiste-peintre avoue que, loin de le dissuader d’emprunter cette voie, son entourage, et particulièrement sa mère, l’ont toujours encouragé.
I1 n’a pas connu la brimade, ce rejet qui est le lot de quiconque se destine à l’art.
Le talent
Par la force des choses, Mohamed Eskouni n’a pas bénéficié d’une formation particulièrement poussée.I1 arrête les études au niveau de la 5ème année secondaire. Au Lycée des Orangers à Rabat, durant un an, il suit des cours d’arts plastiques. Ce sera sa seule formation. I1 décide alors qu’il sera artiste peintreet qu’il vivra de son art. I1 se jette ainsi à l’eau et apprendra sur le tas.
I1 commence par le figuratif, excellente école dit-il, qui impose beaucoup de rigueur pour maîtriser les traits et les couleurs. I1 admire les toiles de David et quelque peintres classiques. Quant aux peintres marocains ou assimilés, il se tourne surtout vers les toiles de Mantel, Pilot, les aquarelles de Bouhmadiet Ben Yessef.
La peinture abstraite était un mystère pour lui. La mutation s’est opérée lentement. Son besoin de s’exprimer est le plus fort. I1 lui faut s’échapper du cadre étroit du figuratif. L’abstrait est encore lemeilleur moyen de s’exprimer. Mohamed Eskouni donnera alors toute la mesure de son talent et de sa finesse. I1 mélangera la peinture dans sa main parce que, ainsi, il la « sent » mieux. Pour se mettre au diapason, il écoute de la musique arabe classique et se laisse emporter par la vois d’Oum Keltoum. Plus bizarre encore, il écoute de l’opéra pendant qu’il peint! C’est, dit-il, ce qui lui inspire les mouvements sur ses toiles. Le résultat, on peut en témoigner, est fantastique. Ce jeune artiste-peintre a vraiment du talent et de la sensibilité. Pour souffler un peu, il se remet au figuratif. Un fois encore, il est original. Ce sont alors des portraits, des personnages à l’encre de chine sur toile. Les traits sont parfaits, les expressions exactes, le résultat à la hauteur de son talent.
Un avenir certain
Mohamed Eskouni n’est pas encore connu du grand public. Son jeune âge en est peut-être la cause. Cependant, il peint et vit de son art depuis 3 ans environ. En 1989, il a participé à une exposition collective à Sidi Slimane. I1 était le benjamin, ce qui ne l’a pas empêché de gagner un prix d’honneur. I1 avait à peine 17 ans! Son acharnement à vouloir vivre de son art force le respect. Les jours ne sont pas faciles pour lui, mais il ne baisse pas les bras. Loin de là. Mohamed Eskouni a de grands projets. Tout d’abord, il aimerait peindre une très grande toile où domineraient l’abstrait et le surréalisme. I1 aimerait aussi exposer pour pouvoir s’offrir des voyages et visiter des musées. Malgré les difficultés, il dit ne pas regretter son choix. Pour lui, la peinture c’est la liberté. Des convictions et des sentiments forts qui ressortent de l’œuvre de Mohamed Eskouni.
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