Jules Van Biesbroeck naquit le 25 octobre 1873 à Portici, à quelques lieues de Naples, durant un voyage que ses parents effectuaient en Italie. Ce voyage se prolongea sensiblement, car l’enfant avait deux ans quand sa famille regagna la Flandre Orientale. De très bonne heure, le futur «magicien des couleurs» s’adonne à la peinture et aussi à la sculpture sous la direction de son père Jules Van Biesbroeck, qui fut un peintre célèbre et un ciseleur délicat. A quatorze ans «l’apprenti» achève ses études académiques à l’Ecole des Beaux Arts de Gand.
«Trop peu fortuné pour me procurer certains livres, – nous dit-il un jour, j’en copiais les gravures ou je les calquais. Ce travail tout mécanique finit cependant par me donner une telle sûreté, que je lui dois en partie ma facilité à dessiner de mémoire et d’imagination».
A 15 ans, il compose son premier tableau : Le Pâtre qui est acquis à l’Exposition triennale de Gand. Ce premier succès l’encourage. Il «bûche» ferme, revoit les matières enseignées à l’académie ; s’instruit à toutes les sources, et nanti d’un bagage fort pesant pour ses jeunes épaules, affronte le concours de Rome, à Anvers, avec une oeuvre admirable : Le Christ glorifié par les enfants. Mais il est, selon son expression favorite, «blackboulé».
Déçu, mais non découragé, il jure de se venger par un grand tableau : rêve de débutant, qui veut étonner tout le monde. Qui ne l’a pas connu ? Il se venge en effet par une grande toile de 7 m. 50 sur 2 m. 60 : Le lancement d’Argos, brossée au cours de l’automne 1888 et admise au printemps suivant, au Salon des Champs Elysées, à Paris. La nudité absolue de ces géants qui mènent l’Argos à la mer en halant sur des cordes, scandalise quelque peu les censeurs.
Le jeune Van Biesbroeck est convoqué à Paris. Là, on s’attendait si peu à voir se présenter un petit gnome portant le béret, le pantalon court, et de gros bas de laine, que l’on exigea ses certificats d’identité. On ne le trouvait vraiment pas à l’échelle… En quelques heures, toutefois:, les «nudités» furent habilement drapées. Le petit belge au béret, l’enfant de quinze ans, occupe alors la presse.
On le questionne, on le dévisage, on crie au prodige. Et il obtient, renversant le processus habituel, une mention honorable. «J’entends, nous dit-il encore, l’exclamation du vieux Papa Bouguereau : Hein, comme le bon David au ciel doit être heureux!…».
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