Source : http://www.maghress.com/fr/lematin/67308
Photographe, artiste peintre, décorateur de talent, chanteur jazz, créateur de clubs musicaux, voire manager de stars, Abdou Rais (Abdelilah) est tout ça à la fois. «… Depuis mon jeune âge, je suis curieux de tout. J’ai développé une passion pour le cinéma.
Ayant vécu une jeunesse faite de voyages, de musique et de liberté, il développe un goût immodéré pour les belles choses de la vie. «..Nous avons fait partie d’une génération qui a réussi par elle-même à exorciser ses démons par la créativité, l’expérience vécue, et la liberté d’être et de penser.
Le destin a fait le reste pour nous orienter sur la voie de l’art…» La photographie, c’est grâce à un artiste qu’il l’a découverte : Feu Moujahid dit «Rubio», photographe de stars en France durant les années 60 et 70, dont les clichés ont fait autant l’actualité que des pochettes de disques historiques.
«..Nous avons eu la chance mon frère et moi, de le rencontrer un jour à Casa, c’est lui qui nous a passé le virus de la photo, il nous a aussi présenté beaucoup d’artistes marocains. Nous avons par la suite acheté un magasin, je suis parti entre-temps faire des études de photographie en Allemagne, trois ans durant.
C’était une très bonne expérience !» Ce métier-art lui a permis au hasard des rencontres de faire la connaissance, en 1987, d’une certaine Nina Simone. La grande dame du jazz était venue à son magasin pour des photos d’identité. «…Elle m’avait donné rendez-vous à son hôtel pour lui remettre ses photos, et là, elle en est tombé amoureuse ! (rires, ndlr) Elle m’a assuré que j’étais un photographe de génie, et elle m’a proposé de travailler avec elle.
Une grande diva du jazz, une grande dame qu’elle était, j’ai eu la chance de la côtoyer de près, le feeling est vite passé. J’ai travaillé avec elle lors de sa tournée au Maroc, suite à quoi elle m’a demandé de la suivre pour une grande tournée en Europe. Je n’ai pas hésité à fermer mon magasin et à embarquer dans cette aventure… je suis comme ça !»
Une grande amitié s’est construite entre eux au point que, certains soirs après les spectacles, elle lui dédiait des improvisations de piano et voix. «…Mon seul regret, c’est de n’avoir pas pu enregistrer ces moment uniques, pour moi, pour la mémoire et pour l’amour de la musique…»
Ce rapport passion avec les arts ne s’est pas limité à cela, car au fil des coïncidences, la peinture est venu s’installer comme une autre aventure pour un artiste débordant de créativité. «…J’ai eu la chance de connaître un peintre de renommée internationale qui m’a initié à son art ; curieux comme je suis, je m’y suis mis avec passion.
Je me considère comme un autodidacte, cela me donne plus de liberté d’explorer cet art sans forcément me confiner dans un style particulier. C’est ma manière de comprendre les arts en général, je ne reconnais aucune frontière dans la créativité, ce sont simplement des modes d’expression différents qui poursuivent le même but, créer une véritable communication avec l’autre…»
Il a réalisé des toiles pendant plus de 20 ans avant de se décider à exposer cette année, pour révéler enfin son talent jusqu’ici inconnu du public.
Au début des années 90, il crée le premier véritable club de jazz de Casablanca. Quelques années plus tard, c’était le tour du «Café des Arts, espace live» de voir le jour, pour donner un autre espace aux artistes afin de faire connaître leurs uvres, de se rencontrer et d’échanger les expériences et les empathies.
Ce qui le motive dans ce foisonnement, c’est sa conviction que les arts ont un rôle civilisateur pour le public.
Dans une métropole comme Casablanca, qu’il considère «infernale par ses agressions visuelles, auditives et olfactives», les arts pourraient jouer un rôle déterminant dans l’éducation des citoyens aux valeurs de civisme, de convivialité et de tolérance.
Sa dernière trouvaille, c’est la réinvention de la «Halqa» traditionnelle dans sa ville comme événement permettant à de nombreux artistes d’aller à la rencontre des gens, de s’exprimer, d’animer des ateliers, d’intégrer l’art dans la vie quotidienne.
Cet événement est attendu à mi-chemin entre la fête du Trône et celle de la Jeunesse, une sorte d’hommage rendu aux efforts fournis dans le sens du développement de la culture à l’heure de la nouvelle ère.
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