Certains personnages n’ont pas une trajectoire de vie, ils ne traversent pas leur siècle, ils y font de perpétuels allers-retours, ils y musardent… Tel fut le cas de Kamel Zebdi (1920 – 1997). Cet esthète charmant et charmeur, poète, peintre et grand dandy, amateur de bons mots, de petits plats et de tabac à priser, a élevé la musardise au rang de grand art.
Au plein sens du terme, il a musardé sa vie durant; en se hâtant avec lenteur, tout en taquinant sans relâche la muse, non seulement quand il avait un stylo à la main, non seulement quand il dictait, de sa voix doucereuse légèrement nasillarde, à un de ses scribes attentifs, appliqués et béats qui se pressaient autour de lui, où qu’il se trouvait, mais aussi lors de ces fugaces ou interminables petits comités, où l’on discutait de tout et de rien, où la subtilité le disputait à la futilité, et où le dernier mot, drôle, acerbe ou surréaliste, revenait obligatoirement à « Papy », sobriquet respectueusement familier que notre grand homme acceptait de bonne grâce… …
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