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Biographie

Source : http://www.seine-port.fr/09_MuseeVirtuel/Salles/ValleryRadot/Oeuvres/_Evocation.htm

C’est en janvier 1962, il y a plus de quarante ans, que Jacques Vallery-Radot à l’âge de cinquante deux ans s’est installé à Seine-Port avec son épouse Jeanine et leurs sept enfants. La maison située au 3, rue Paladilhe, alors appelée « Le Petit Manoir », n’avait pas connu d’habitants depuis de nombreuses années. Jacques Vallery-Radot retrouvait à Seine-Port ses cousins installés dans le village depuis plus d’un siècle, la famille Desvallières, rue Legouvé et la famille Paladilhe, route de Nandy. Il retrouve également deux autres artistes peintres seine-portais, issus de l’école cubiste, Pierre Isorni dans la propriété de « La Broquette » et Louis Latapie au « Moulin Vieux ». Son ami André Billy, écrivain lui rend visite depuis sa propriété de Barbizon.

Jacques Vallery-Radot était avant tout un artiste peintre, dont le talent avait été très tôt remarqué par deux grands écrivains : Georges Bernanos et François Mauriac, ce dernier parlant de « ce peintre qui à travers les couleurs et les formes, retrouve la source même de son enfance et de son amour ». Dès cette époque, les nombreux visiteurs et amis pouvaient remarquer, dans la salle à manger un tableau représentant une « jeune repasseuse », peinture à l’huile exécutée par Jacques Vallery-Radot quelques années auparavant. Cette jeune blonde qui a posé pour le peintre c’est son épouse, la mère de leurs sept enfants, Pascal, Anne, Bernard, Benoît, Claire, François et Sabine qui remplissent alors de vie la maison nouvellement acquise. Dès son arrivée, Jacques Vallery-Radot évoque le beau désordre de la vieille maison, la forme des tuiles, les arbres, tout cela lui rappelait l’écrivain romantique Chateaubriand. Le motif d’une de ses lithographies résume bien cet état d’esprit : elle représente dans le jardin de Seine-Port une petite fille (sa dernière fille Sabine) sur une balançoire au milieu du vert foncé des feuillages impénétrables.

Dans les années soixante, Seine-Port n’ayant ni pont ni gare et les cars scolaires ne desservant pas encore la commune, Jacques Vallery-Radot, dans sa 2 CV bleue horizon déposait le matin les aînés de ses enfants à la gare de Cesson d’où ils rejoignaient les différents établissements scolaires secondaires de Melun et Dammarie-les-Lys, les plus petits étant scolarisé à l’école de la Chesnaie avec Mme Gendre et M. Besnier comme professeurs. Le ravitaillement quotidien de la nombreuse famille, en l’absence de supermarchés, était alors en partie assuré par M. Lardeau, qui tenait son commerce à la place de l’actuel bureau de poste et par M. Noret déjà présent dans sa boucherie sur la place du village.

C’est dans la maison de sa grand-mère maternelle, à « L’Echauguette », située sur les remparts de la vielle ville d’Avallon que Jacques Vallery-Radot est né le 8 octobre 1910. Sa famille rejoint en 1922, la propriété de famille nommée les Alleux (qui signifie terre franche, terre libre) près de la vieille ville, la maison domine la vallée du Cousin : elle est à 20 kilomètres de Vézelay ou Saint Bernard prêcha la Croisade. Il demeurera dans cette propriété jusqu’en 1961, en alternance avec l’appartement de Paris au 16 rue de l’Université. Son père Robert Vallery-Radot, écrivain et publiciste, succéda à Charles Péguy comme directeur d’une importante revue littéraire. Ami intime de Bernanos, il prit une part active au renouveau catholique et entra chez les cisterciens après la mort de sa femme.

Pendant les sept années de pensionnat à l’école Saint-Jacques à Joigny, entre 1919 et 1926, Jacques Vallery-Radot se lie d’amitié pour la vie avec différents camarades, notamment, Gilbert Orcel qui se fera un nom dans la mode à travers ses célèbres chapeaux et Jean Chamant qui sera ministre du Général De Gaulle dans les années soixante. Après cinq ans d’études à l’atelier de Maurice Denis et de Georges Desvallières (membre de l’Académie des beaux-arts), il expose pour la première fois ses tableaux, principalement des huiles, à la galerie de Paris en 1934, il a alors 24 ans. Les expositions vont se succéder par la suite à la galerie Castel, à la galerie Charpentier en 1946 et dans les années cinquante dans différentes galeries, Framont, rue des Saints Pères, Le Chapelain, rue du Faubourg Saint Honoré. Depuis 1983, il exposait périodiquement ses œuvres à la galerie Denise Valtat, rue de la Boétie à Paris.

Parallèlement, Jacques Vallery-Radot a été un acteur et un observateur privilégié de son temps. Tout au long de sa vie il a côtoyé et lié des amitiés avec des êtres exceptionnels connus ou inconnus. En 1937, il est engagé par la compagnie Air France, au service propagande (on ne dit pas encore publicité), qui le charge d’assurer un cycle de conférences à travers la France, la Belgique et la Grande Bretagne pour mieux faire connaître au grand public l’aviation civile naissante à travers les exploits des pionniers de l’aéropostale, les Guynemer, Mermoz, Saint-Exupéry… A cette époque, il se lie d’amitié avec Paul Nothomb, aristocrate belge converti au socialisme qui s’engage dans l’escadrille d’André Malraux combattant auprès des brigades internationales en Espagne. Mobilisé en 1939, comme lieutenant d’infanterie, Jacques Vallery-Radot eut deux citations à l’ordre de la division, durant la campagne de France en mai 1940, avant d’être fait prisonnier, deux jours après l’armistice, et d’être conduit en Allemagne à l’Oflag 17A en Poméranie. En 1947, il fut décoré de la croix de guerre 39-45.

Depuis 1961, il était professeur d’histoire de l’art à l’école Albert De Mun à Paris et après son installation à Seine-Port, il fut professeur de dessin dans différentes écoles de la région à Melun, Fontainebleau et Voisenon jusqu’à sa retraite en 1975. De 1978 à 1982 il fut le premier président de l’Association Pour la Sauvegarde de Seine-Port. Il a également participé, il y a quelques années, à différentes expositions organisées par le Comité des fêtes à La Baronnie.

Jacques Vallery-Radot écrivait quotidiennement son journal et depuis quelques années avait entrepris de rédiger ses mémoires. Il aimait relire cet extrait ; « C’était « l’heure du peintre » au moment où les ombres bleues passent sur les collines où les couleurs prennent toute leur intensité. C’est toujours cette heure que je préfère. J’étais seul dans l’Ile de Porquerolles, loin du port, devant les grands pins agités par le vent dans le silence où l’on entend seulement le bruit lancinant des cigales. Alors la nature semblait m’appartenir toute entière… L’inspiration était intense et le passage de l’émotion intérieure si directe, si précise que j’avais conscience de ce que le chef d’œuvre peut naître lorsque la minute sonne où il faut savoir s’arrêter. Il poursuivait : « le malheur des hommes est de n’être jamais étonnés. L’étonnement d’être… L’émerveillement : c’est le grand secret de la vie, malgré nos angoisses et nos inquiétudes. »

On pouvait encore ces dernières années rencontrer Jacques Vallery-Radot, appuyé sur sa canne, dans les rues du village. Sa conversation révélait à chaque instant l’homme de haute culture, naturellement d’un contact chaleureux avec tout un chacun. Il repose dans le cimetière de Seine-Port aux côtés de son épouse, Jeanine (1983), de son fils Benoît (1994) et de son oncle Georges Vallery-Radot (1962).

Il a souhaité qu’après sa disparition, cette dédicace que lui a adressé Gorges Bernanos, soit rappelée « A Jacques, quand je serai mort, dites au doux royaume de la terre que je l’aimais plus que je n’ai jamais osé dire. Votre vieil ami ».

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    Ses oeuvres

    Dimensions : 44 x 36 cm

    Prix : 25 000 MAD

    Référence: 1139