Médéric Touray est un plasticien ivoirien, né en 1979 en Côte-d’Ivoire. Il émigre avec ses parents aux Etats-Unis. Il est plongé au cœur des influences artistiques et musicales des Etats- Unis où il passe son enfance. Il débute par des bandes dessinées et s’inspire de peintres célèbres tels que Picasso, Bacon, Dali, Fadairo, El Anatsui ou Basquiat.
De retour à Abidjan, 1995, il réalise son rêve d’enfant et entame des études d’arts plastiques. Il obtient son diplôme des Beaux-Arts (INSAAC) en 1999 et excelle. Il cumule concours et prix, allant jusqu’à être élu meilleur jeune plasticien d’Afrique de l’Ouest à seulement 20 ans. De cette première consécration à 2018, l’artiste ne compte pas moins de cent-soixante-sept œuvres, quatorze distinctions, une vingtaine d’expositions collectives et solos et une bonne dizaine de vente aux enchères. Ce prodige démontre sa maturité en transcendant les barrières disciplinaires pour imposer son style : la « sculpeinture », un assemblage de sculpture et de peinture qui allie matériaux traditionnels (tels que le bois, les cauris, les toiles superposés) et techniques modernes (le mixed média à l’aide de peinture acrylique). Le langage se veut métaphorique et universel. Il parle de l’Afrique et du monde au travers de signes polysémiques, de symboles, d’allusions ; explore d’autres endroits et raconte d’autres histoires dans l’histoire, pour créer la ‘’Trace’’ de l’humanité.
Les oeuvres de celui que l’on surnomme le « Basquiat africain » lui valent aujourd’hui une notoriété grandissante et sont présentes dans des collections prestigieuses (Charles Saatchi à Londres, Ethan Cohen à New York…)
« Mes peintures sont l’assemblage, d’objets d’origines diverses, chaque pièce fait partie d’un tout, des éléments d’un jeu, qui peuvent se réunir, juxtaposées. La peinture acrylique, le pastel à l’huile et le café sont mes instruments artistiques de choix. Je crois que ce qui est à l’intérieur se reflète à l’extérieur. Voilà pourquoi je suis attiré par les visages humains. Mon travail est une tentative de saisir les particularités qui rendent une personne sans visage anonyme. Bien que chacun d’entre eux ont été inspirés de la vie réelle. Mon style d’exécution peut être très abstrait comme figuratif, mais la construction et la dé-construction font parties de la même énergie que j’essaie de maitriser. Par cela j’essaie toujours d’injecter une forme d’onirisme à mes toiles. Je répète mes signes et mes mots dans mes oeuvres, car je fais partie du monde et la preuve d’une réalité parfois refoulée. Oui je défie le temps car j’ai foi que je réussis à immortaliser les choses les plus simples comme les plus complexes. Je laisse mes “Traces”. »
« Certains signes reviennent souvent dans mes toiles: la pomme rouge, les mots barrés, la bouche de certains personnages barrée par une croix. La pomme a pour moi une connotation religieuse. Elle est très souvent représentée comme élément déclencheur du pécher dans nos religions. Pour mes personnages à grande bouche et dessinés parfois en forme de masque, c’est ma façon de présenter les être humains tels que je les vois : Méchants, joyeux, égoïstes, pleins de bonté parfois malicieux etc… J’ajoute des mots et des poèmes que je trouve instantanément lors de mon travail. Ils ne sont pas très souvent réfléchis ; je guide mon inspiration sur des sentiers inconnus qui mènent parfois le public à la réflexion. J’aime beaucoup interroger le public sur mon travail. Quand je barre certains mots ou phrases, cela permet au public d’encore plus prêter attention à certains messages codés parfois. »
Au delà de l’esthétique, l’oeuvre de Turay recourt à l’art pour décrire les sociétés et clamer les attentes de ceux que l’on n’entend pas.
Des personnages étranges peuplent ses tableaux et ses sculptures. Si leurs visages rappellent les masques africains, d’autres cultures influencent le style de Turay, qui oscille entre néo-impressionnisme, cubisme et graffitis. En effet, ses compositions rappellent celles d’un Jacques Grinberg ou d’un Julien Schabnel, deux autres chantres du néo-impressionnisme.
Turay est un poète africain qui a suivi une formation classique en art. Dans « Africain Dreamer », on peut d’ailleurs reconnaître une Mona Lisa re-visitée, une Vénus vêtue d’une robe ivoirienne aux motifs excentriques, ou encore une Madone africaine qui pleure son fils. Sous couvert de ce titre, il s’approprie le concept de l’ »American Dream ». Le rêve américain est américain justement, les Américains ont une patrie dont ils sont fiers et affirment que tout est possible là-bas. Pourquoi ce ne serait pas la même chose en Afrique? La jeunesse africaine doit absolument être en mesure de prendre des risques si elle est déterminée à voir l’Afrique changer. Une jeunesse engagée qui fera le nécessaire pour vivre un rêve africain.
Cet éternel insatisfait est à la recherche constante de la formule parfaite. C’est d’ailleurs ce qui fait évoluer son style, sa « trace » grâce à sa mixité culturelle qui se reflète dans son travail. Bien qu’il vise à être contemporain, Turay ne se limite pas à un courant artistique. Pour lui, l’art est expérimental. Il assemble, découpe, colle et ne s’arrête pas à la peinture pour donner vie à ses personnages.
source : https://www.ilab-design.africa/artiste/mederic-turay/
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