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Rien ne prédestinait cet homme à une carrière d’artiste. Né à Saint-Pierre-Lez-Auchel dans le bassin minier du Pas-de-Calais, Augustin Lesage est descendu dans la mine dès l’âge de 14 ans, une fois son certificat d’études en poche. Les terrils et les corons sont son unique horizon, exceptées ses années de service militaire passées à Dunkerque et Lille. Il se marie avec Armandine Diéval, elle aussi fille de mineur, dont il aura deux enfants, Marguerite et Augustin. Elu au conseil municipal de sa ville, il mène une vie semblable à celle des houilleurs de sa région, jusqu’à ce que sa vie bascule en 1911. Il a alors 35 ans. « Je travaillais, couché dans un petit boyau de 50 centimètres donnant sur une galerie éloignée du mouvement de la mine. Dans le silence, il n’y avait pour moi que le bruit de ma pioche. Quand tout à coup j’entends une voix très nette, dire : ‘’Un jour tu seras peintre !’’ (…) Personne n’était là. J’étais bien seul. » racontera-t-il des années plus tard dans un entretien accordé au docteur Eugène Osty et retranscrit dans la Revue métapsychique en 1928. Mais pour l’heure, de peur de passer pour un fou, il se tait et n’en parle à personne.
Or, quelques mois plus tard, se plaignant de douleurs persistantes au dos, un ami mineur, Ambroise Leconte, lui propose de consulter des spirites guérisseurs. Ils se rendent tous les deux à l’Institut des forces psychosiques, à Sin-le-Noble. En ce début du 20e siècle, la pratique spirite reste importante dans la région et tente d’adoucir la dureté de la vie des mineurs trop souvent confrontés à la mort : de nombreux cercles spirites allient communication avec l’au-delà et pratique de soins de même que l’antoinisme, une « religion » créée par le mineur belge Louis-Joseph Antoine (1846-1912), qui guérit par l’imposition des mains. C’est la première fois qu’Augustin Lesage est confronté au spiritisme. Il ose raconter son histoire. Très vite, une séance autour d’un guéridon est organisée, il sera désigné par un esprit comme médium et, dans la foulée, produira ses premiers dessins représentant des formes sinueuses et tournoyantes, signés du nom de Marie, sa petite sœur morte à l’âge de 3 ans.
Peindre et guérir
Dès lors, les voix ne cesseront plus de lui parler : « Oui, lui disent-elles, un jour tu seras peintre et tes œuvres seront soumises à la science. C’est nous qui tracerons par ta main. Ne cherche pas à comprendre. » Augustin Lesage se met à la peinture, tout en continuant à exercer son métier de mineur. En parallèle, il mène une activité de guérisseur aux côtés de son ami Ambroise Leconte. Le succès est tel qu’ils finissent par ouvrir en 1913 une annexe de l’Institut des forces psychosiques à Béthune. Lorsque la guerre éclate, Augustin Lesage est mobilisé sur le front jusqu’en 1916, année où il reprend le chemin de la mine pour soutenir l’effort de guerre. En 1918, il s’installe dans la petite ville de Burbure où il vivra jusqu’à sa mort. Il continue de peindre, donnant ses toiles quand il ne les vendait pas… au salaire horaire du mineur.
Source : Wikipédia
Augustin Lesage, né le à Saint-Pierre-lez-Auchel (Pas-de-Calais) et mort le à Burbure (Pas-de-Calais), est un peintre français, rattaché au mouvement spirite. Admiré par André Breton , il l est une des figures majeures de l’art brut.
Jean Dubuffet intègre les peintures de Lesage dans sa Collection de l’art brut dès 1948, 3 ans seulement après l’avoir commencée, achète sa première toile « historique » pour 50 000 francs en 1964 . Lesage fait partie des artistes présentés dans le fascicule de l’art Brut Art Brut 3 sous le titre La Mineur Lesage, en compagnie de Salingarde l’Aubergiste, du Professeur Ladame, et d’autres artistes d’art brut parmi lesquels Pascal-Désir Maisonneuve.
Les peintures d’Augustin Lesage sont présentées à la Collection de l’Art brut à Lausanne depuis son ouverture en 1975 et reproduites dans toutes les éditions du catalogue de la Collection (1971, 1976, 1986), ainsi que dans le livre de son ancien conservateur Michel Thévoz. Il est cité dans de nombreux ouvrages sur L’Art brut parmi les créateurs importants. Il est aussi historiquement le plus ancien des « médiumniques » intégrés dans la Collection de l’art brut. Il a commencé sa « carrière » en 1912 suivi notamment de Marguerite Burnat-Provins en 1914, puis de Madge Gill. Son œuvre est très ample, à sa mort, il a laissé environ huit cents peintures.
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