Natif de la région d’Azemmour, El Hani a grandi dans un quartier de cette ville, entouré d’artistes peintres locaux. Très tôt, à l’âge de neuf ans, il quitta l’école pour se frotter à la peinture. Son voyage à Essaouira donna un saut qualitatif à son art. Il a pris conscience de l’adéquation de son œuvre et du marché local constitué de touristes occidentaux.
La ville d’Azemmour a de tout temps inspiré les artistes. El Hani fait partie de cette lignée habitée par l’esprit de ce fleuve qui irrigue la ville et qui se jette dans l’Atlantique. Cette atmosphère mystique vibrant à l’aune d’idéaux soufistes, conjuguée à une pratique picturale spécifique à El Hani ont engendré un style unique. Quarante ans durant, El Hani s’est exercé dans un premier temps à peindre des espaces courbes, à décorer la troisième dimension. Cette pratique a engendré chez cet artiste exceptionnel une nouvelle façon de transcrire le monde. Dans le plan, il cherche toujours à retrouver l’espace, cette troisième dimension qui a rythmé son art. Cela donne une œuvre fractale : des formes s’auto-génèrent à l’infini. El Hani a créé un style : encoder l’infini dans le fini au travers d’un chaos harmonieux pour notre bonheur.
El Hani, tel un dompteur de l’infini, est un générateur de kaléidoscopes foisonnant de créatures étranges, d’univers parallèles évoluant au gré de conditions initiales. Il est d’une simplicité, d’une gentillesse, d’un humanisme exemplaires. Il vit au jour le jour dans des conditions matérielles très précaires. Sa souffrance émerge de son œuvre. Il peint la misère, sa ville avec laquelle il entretient un rapport quasi œdipien, les visages ancestraux qui ont été préservés, tel un trésor, par les remparts d’Azemmour.
Point de rencontre du fleuve ou mer Rbia « mer du printemps » et de l’océan, la cité conserve son aspect médiéval avec ses ruelles et ses remparts qui dominent l’oued. Le nom de la ville est donnée par les berbères et signifie « le rameau d’olivier ». Azemmour est parmi les rares villes du Maroc qui a suscité l’intérêt de grands historiens marocains. Aujourd’hui encore, on cherche à connaître les dates de son édification. Les uns disent qu’elle date de la période carthaginoise ou romaine, les autres affirment que ce sont les berbères qui l’ont bâtie. Ce qui est sûr, c’est que la notoriété d’Azemmour dépassait de loin celle de Fès qui n’était qu’un petit village quand Azemmour était une ville phare du Maroc. Elle se divise en deux parties distinctes, l’ancienne ville entourée de remparts comprenant la Qaçba et la Médina et la ville plus moderne située hors de l’enceinte. Lorsqu’on prend le temps de la regarder et de l’aimer, on découvre que la petite cité a été et demeure cosmopolite et modèle de l’oecuménisme, notamment par la présence de deux saints, un juif et un musulman : Moulay Bouchaïb et Aïcha Al Bahria. Arabes, Berbères, Juifs et Européens ont contribué à forger ensemble l’âme de cette ville. Côté mer, Azemmour s’ouvrait sur les échanges avec l’Europe. Côté fleuve, elle attirait les tribus voisines et surtout les aloses (poisson de la même famille que le saumon) qui remontaient le fleuve depuis l’océan pour frayer dans le haut Atlas.
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