Né en 1942 à Marrakech, Amine Demnati suit les cours de l’Ecole des arts appliqués de Casablanca. A Paris, il s’inscrit à l’Ecole des métiers d’art puis à l’Ecole des arts décoratifs et enfin à l’Ecole du Louvre. Sa première exposition personnelle a lieu à Madrid en 1965. Il est mort en 1971 à Rabat.
A ses débuts, Amine Demnati pratique une peinture figurative : mendiants accroupis, cireurs ou natures mortes et paysages de villes aux murs fermés cernés de traits noirs. Puis sa démarche évolue vers une représentation plus suggérée. Les personnages, groupés ou isolés sur des esplanades, sont évoqués en filigrane, les couleurs s’affinent (des bruns, des ocres, des noirs) et les ruelles se vident. Demnati essaie de créer une harmonie dans ses toiles, harmonie des couleurs principalement.
Ce qui intéresse Demnati, c’est le corps et son vêtement, le mouvement et l’équilibre, avec une tendresse particulière pour la femme et la féminité, mais l’oeuvre est multiforme. Il y a chez Demnati un humour qui apparaît dans les séries consacrées aux golfeurs en habits traditionnels, ou aux «papillons», ces serviteurs transformés en derviches tourneurs ; d’autres séries font une incursion dans le champ de l’abstraction. Parfois, le même thème est traité à l’huile, ou en lithographie, tapisserie, ou zelliges, voire en vitrail, où Demnati retrouve la fascination de la transparence et de la lumière.
L’artiste peintre, feu Mohamed Amine Demnati, disparu à la fleur de l’âge, a laissé un répertoire riche qui en dit long sur un artiste exceptionnel et accompli dont la sensibilité, l’intelligence et l’humour ont ému tous ceux qui l’ont connu ou fréquenté. Lors de la cérémonie d’hommage à la mémoire de cet artiste hors du commun et à son oeuvre, ils étaient nombreux à témoigner des innombrables qualités humaines de feu Mohamed Amine Demnati ainsi que de l’étendue de son talent. Dans un auditorium où la chaleur des émotions faisait oublier le froid glacial qui régnait en dehors du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) à Rabat, Maurice Arama, auteur du livre du beau-livre « Amine Demnati, vingt-neuf printemps, un été », a mis en avant les qualités humaines du défunt. Avec son intelligence, sa sensibilité, sa curiosité vive et son humour, feu Amien Demnati a dessiné l’avenir de son enfance, a indiqué Arama lors de cette cérémonie, tenue sous le haut patronage du roi Mohammed VI et présidée par la princesse Lalla Salma. « Enfant, tu jouais avec tes tâches de la lumière, adolescent, tu contemplais leur ombre… », a commené Arama, parlant du défunt à la 2ème personne du singulier. « Toute ta vie était musique que tu partageais avec tes amis », a lancé Arama avec un ton qui cachait mal sa tristesse. « Demnate ta racine, le Maroc ta fierté et le Roi ton Souverain », a-t-il ajouté, rappelant, ainsi, le sentiment d’appartenance dont s’enorgueillissait le défunt là où il se trouvait. L’auteur du livre s’est même permis de paraphraser André Malraux lorsqu’il rendait hommage à Jean Moulin, l’une des figures de la résistance française: « Alors, entre ici Amine Demnati, dans cette maison dont tu as souhaité l’existence (…) et retrouve ton ami Ahmed Cherkaoui! ».
e son côté, le frère du regretté, Hassan Amine Demnati, a fait part de toute sa gratitude pour la haute sollicitude dont le roi Mohammed VI a entouré cette cérémonie. Pour lui, la publication du beau livre, qui a déjà été remis au souverain à Fnidek à l’occasion de son 54-ème anniversaire, a pour but de « préserver le répertoire riche de cet artiste fier de ses origines ».
Le beau livre « raconte le parcours extraordinaire d’un artiste que la peinture a avalé, que la vie a aimé et que la mort a emporté trop vite », a déclaré Arama peu avant le début de la cérémonie. « Ce garçon beau et aimable a fait des choses étonnantes », d’après l’auteur du livre qui estime que toute son œuvre est née quelques mois après son voyage à la Mecque où il a reçu une illumination. « On le voit dans un certain nombre de peintures où il a pu s’exprimer et quitter les carcans de l’école et les habitudes scolaires pour se libérer ».
« C’est cette liberté que l’on retrouve dans la peinture de ce jeune artiste », a-t-il ajouté. Feu Demnati, dont l’œuvre varie du courant naïf au figuratif et des fois à l’abstrait, a suivi ses études primaires et secondaires à Casablanca où il a été pris en charge par son oncle maternel Mohamed Tabiti, a indiqué son frère. Avec son coup de pinceau hors du commun, le regretté qui aimait dessiner des foules en mouvement, se basait sur une multitude de matières et de supports pour représenter le Maroc dans toute sa splendeur, sa diversité et son authenticité. Sa célèbre toile « Foule à Marrakech » a été vendue à 150.000 euros en 2014 par la salle de ventes parisienne Artcurial.
Dans les toiles de l’artiste, fauché par une rafale de mitraillette le 10 juillet 1971 à Skhirat lorsqu’il faisait partie des invités au 42ème anniversaire de feu Hassan II, « l’humour ne perd aucun de ses droits », selon le poète Kamal Zbdi. Pour Zakya Daoud, Demnati « rappelle la fête du printemps à travers des couleurs gaies, éclatantes et vivantes, tout en conservant l’essentiel de ses œuvres: la retenue, la discrétion, la légèreté, l’harmonie surtout ».
Né à Marrakech le 15 janvier 1942, le regretté a intégré, après le Brevet d’études du premier cycle du second degré (BEPC), la section des arts appliqués au collège Mers Sultan. A Paris, il a poursuivi ses études à l’École des arts appliqués et y a organisé sa première exposition en 1961. De retour au Maroc, Amine Demnati a exposé à Rabat, Marrakech et Casablanca, et participé aux débats sur la situation des arts au Maroc et à la création de l’une des premières associations des plasticiens marocains.
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