Source : http://www.maghress.com/fr/lematin/96566
Hicham Benohoud persiste et signe. L’ancien professeur de dessin qui avait mis en scène ses élèves dans « La salle de classe » que nous avions exposée il y a quatre ans continue à s’affirmer comme un des rares artistes contemporains à vocation universelle des pays du Maghreb.
Parce qu’il continue à questionner à la fois l’identité, l’image, le monde contemporain, ses doutes intimes et ses refus par rapport à sa culture d’origine tout en restant dubitatif, ou pour le moins à distance, du spectacle de l’art contemporain.
Son oeuvre, singulière, unique, inclassable, n’est mue que par la nécessité intérieure de mettre en cause, et en déséquilibre, à la fois ses propres visions et ce qu’il connaît de la création aujourd’hui -car il est extrêmement cultivé et sérieusement au fait des développements de l’art contemporain.
Le dispositif, à la fois simple et complexe, qu’il a imaginé et réalisé lors de son enseignement au Fresnoy en est peut-être la plus belle preuve. Dès ses premières images, peintes, installées, photographiées ou vidéo Hicham est un artiste du CRI : un questionnement rigoureux de la douleur du monde contemporain.
> par Christian Caujolle
HICHAM BENOHOUD, BIOGRAPHIE
Né en 1968 à Marrakech, Maroc. Vit et travaille à Paris.
Qu’il pratique la peinture, la vidéo ou l’installation, ce jeune Marocain questionne toujours l’identité. A commencer par la sienne. Il ancre donc l’ensemble de son travail dans la mise en crise de sa culture marocaine, de la famille, de la religion, des structures hiérarchiques. C’est tout naturellement que la photographie s’est inscrite dans son propos, selon une modalité tout à fait singulière qui se développe dans des séries visuellement frappantes et d’une incontestable
subtilité. Dans la salle de classe de Marrakech où il enseignait le dessin, il a mis en scène ses élèves, inventant d’étranges situations dont l’accumulation impose une ambiance angoissée. Disparition des visages, prothèses en carton, corps devenant monstrueux dans leur enrobage de kraft, groupes enfermés dans des geôles de papier collant, le tout surplombé par une lampe obsédante ; l’univers est lourd.
Et d’autant plus troublant que, pendant que s’installent dans la classe ces aberrations qui n’obéissent qu’à la règle de n’introduire aucun élément ou objet extérieur à l’espace de l’enseignement, les autres élèves continuent bien sagement à dessiner.
On retrouve des êtres victimisés dans les milliers de portraits d’identité retravaillés en supprimant les yeux et les bouches et en leur adjoignant de la couleur pour composer d’immenses panneaux muraux, séduisants de loin par leur pointillisme coloré, terriblement douloureux dès que l’on s’attache à une image. Jusqu’aux autoportraits torturés qui inscrivent l’oeuvre dans un huis clos grinçant
et se livrent comme une déclinaison des séries précédentes.
2004 /2005 : Artiste-professeur invité au Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains à Tourcoing
2005 : Artiste-professeur invité au Centre Chorégraphique National de Montpellier
2004 : Workshop à l’Ecole Supérieure d’Arts du Mans
2002 : Workshop à l’Ecole Supérieure d’Arts de Lorient – Scénographie du spectacle « Prière de regarder » chorégraphié par Mathilde Monnier – Scénographie du Festival « Latitude Villette Maghreb » à la Grande Halle de la Villette et à la Cité de la Musique à Paris/France
1987/2002 : professeur d’arts plastiques à Marrakech.
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