Jean, comme l’appellent ses amis Amazighs, de son vrai nom, Jean-Paul BONNIN, exprime par ses dessins et ses couleurs l’admiration et la valorisation de leur culture originale. Enfant, son ambition était d’être artiste comme ses grands-parents paternels.
Dans sa chambre, il préférait l’isolement afin de dessiner, écrire, recopier les dessins de Rembrandt… Il se devait de rattraper des siècles pour parfaire son trait. Sa première exposition à l’âge de onze ans va le confronter aux autres.La peinture va désormais marquer toute sa préadolescence.
À l’âge de quatorze ans à Sitges en Espagne, il fera les portraits pour les touristes, une bonne école pour apprendre à regarder l’autre, la différence.Sa passion pour la peinture le conduira à faire l’Ecole des Beaux-Arts de Saint-Étienne, plus tard Versailles et Berlin. Il passera aussi sept ans à Toulouse, la ville rose, ses musiciens enfants de Nougaro, les festivals, 1’initiation au théâtre, des artistes à foison…
Par toutes ces expériences partagées, le dessin se peaufine tandis que les couleurs s’enthousiasment sur la toile.Depuis, Collioure près de la frontière espagnole, une rencontre va l’amener à Berlin, il y fera une année d’étude supplémentaire aux Beaux Arts et fréquentera les ateliers de Stevenstall, graveur et rencontrera Madame Blum, portraitiste sur ivoire.Une autre perception, un ressenti si loin de ses origines andalouses par sa mère et charentaises par son père. Il apprendra la rigueur, la discipline, vivre de son art.
Ses professeurs, messieurs Tibi, Wesbuch, Girodon l’avaient confortés dans son monde. À Berlin, tout est différent « Warrum Nicht ». Il occupe le Café Baldur, en connection avec le monde des associations humanitaires. Chaque samedi, ouvert jusqu’au petit matin, recevant des groupes de musique, les bénévoles deviennent de plus en plus nombreux, les gens participent créant une belle énergie en dansant les années 80. Bowie, Iggy Pop… même l’icône de cette ville Nina Hagen sera présente. Tout ce beau monde est berlinois d’adoption, essayant avec exubérance d’ignorer le mur de la honte.
L’artiste voyage sans cesse, ouvrant ici et là ses ateliers-galeries : Berlin, Genève, Antibes, Villars sur Ollon, Miami, Londres, Palma de Majorque, Barcelone, Saint -Barthélémy puis le Maroc.À Antibes, Marc Chagall s’intéresse à son travail. Le maître le conseille, l’encourage, celui même dont les copies des vitraux ornaient sa chambre d’enfant. Il reçoit dans son atelier quelques enseignants en Arts venus d’Amérique du Nord pour partager son amour des couleurs méditerranéennes.
La Vie lui permettra de réaliser un autre de ses rêves : en Suisse Audrey Hepburn lui demande de s’engager plus humainement. De son sourire malicieux, elle lui dit : « Vous n’avez plus le choix, la rencontre que vous pressentiez c’était pour ce message… » Que ce soit à Antibes, Saint-Barthélemy, Villars sur Ollon en Suisse, dans les écoles ou dans son atelier il enseignera inlassablement l’Art du dessin et de la couleur. En 1999, à Saint-Barth, ses élèves seront récompensés par la Fondation Paul Ricard en recevant le premier et le deuxième prix des pays francophones pour le travail effectué en classe d’Art.
Plus récemment, le coup de foudre pour le Maghreb et plus particulièrement le Maroc va être déterminant dans la suite de son parcours. Délaissant la facilité et les mondanités, il ne peut s’empêcher de se remémorer les conseils de Madame Hepburn. Sa vie a changé, pour quelques années il délaissera les pinceaux au profit de l’écriture et la rencontre avec les autres, les oubliés. Son cœur libre redécouvre les couleurs, les regards, les sons, les gestes aussi. Ce qu’il rêvait d’être depuis son enfance se concrétise, mais aussi son sentiment de révolte étouffé par des années confortables.
Le peuple Amazigh le bouleverse, les regards de ses premiers dessins nous le montrent. En vivant dans les villages, il découvre une autre culture, si différente, il partage les joies et les peines et apprend beaucoup avec eux. Il ira dans le désert pour accompagner l’âme de sa mère. La maman, dans son grand lit avec ses quatre enfants couchés près d’elle lisait chaque soir avant de s’endormir un passage du Petit Prince de Saint-Exupéry. Pendant ces lectures, tout devenait intense, les mots, l’imagination palpable de couleur chaude, dorée, safran, celles qu’il associait à sa mère, au blond de ses cheveux avec ses beaux yeux fendus comme toutes ces femmes andalouses si proches et comparables aux femmes Amazighs.
Aujourd’hui, fort de ses expériences, l’Art étant son instrument de communication, il témoigne, utilisant le plus souvent les matériaux nature, les sables, terres et pigments.Depuis sa petite ville du sud-ouest marocain il rêve toujours d’un monde plus juste et pour la première fois ne pense plus à un autre ailleurs.
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