Né à Rabat en 1967, Hamza Achour s’est vite distingué dés son plus jeune âge par son intelligence. A l’école primaire, il avait attiré l’attention de ses enseignants par son constant classement parmi les meilleurs. Une fois au lycée, Hamza n’hésite pas à choisir la branche scientifique et plus précisément les sciences expérimentales. Parallèlement à ses études, le jeune R’bati adhéra au centre culturel russe. « J’étais impressionné par la culture russe, ce qui m’a poussé à apprendre cette langue difficile et fascinante à la fois ». Une fascination qui fera que Hamza décide de continuer ses études supérieures en Russie.
En effet, après avoir décroché son baccalauréat avec mention, il n’hésite pas à s’inscrire à la faculté de médecine dentaire de Moscou, malgré l’opposition de sa famille. « Mes parents préféraient que je parte dans un pays francophone pour continuer mes études. Mais il n’était pas question que je change d’avis, car j’avais déjà fait mon choix « . Ainsi, parallèlement à ses études de médecine, Hamza continua l’apprentissage de la langue russe, sans négliger pour autant l’exercice de son activité favorite, la peinture. « J’avais organisé déjà deux expositions lorsque j’étais un lycéen et je me rappelle avoir vendu tous mes tableaux lors de ces deux événements », raconte-t-il.
Ce talent le fera rapidement remarquer, suite à sa participation au concours national de la peinture, où il décrochera le premier prix. « J’étais tellement heureux de pouvoir représenter mon pays le Maroc ». Mais la peinture n’était pas le seul domaine où Hamza brille, puisqu’il sera décoré à la fin de sa deuxième année par le ministre de l’Enseignement supérieur et spécialisé, pour ses résultats exceptionnels. Il réussira également à décrocher un diplôme de méthodologie qui lui permet d’enseigner la langue russe.
Il reste que les ambitions de Hamza ne sont pas assouvies pour autant. « Mon rêve était de faire connaître mon pays et de l’honorer à travers ma réussite ». Un rêve qui ne tarde pas à devenir une réalité. En effet, il réussit à décrocher « le diplôme rouge », à l’issue de son cursus universitaire. » Rares sont les étudiants qui ont pu décrocher ce diplôme. Car pour l’avoir, il fallait être excellent dans toutes les matières durant les six années d’études » explique Hamza avec fierté.
Etant le major de sa promotion, Hamza est donc nommé pour enseigner à la faculté de médecine en Russie, mais il renoncera à cette proposition. « Je ne pouvais pas accepter une telle offre, car j’avais hâte de revenir au bercail pour pouvoir exercer ma profession dans mon propre pays ». Mais malgré son retour, personne n’a pu oublier Hamza, le médecin et l’artiste, dont les travaux de recherches sont encore conservés à la bibliothèque de la faculté et dont les toiles de peinture sont exposées jusqu’aujourd’hui au musée national Bogomolets à Kiev.
D’ailleurs, malgré tous ce brillant palmarès, Hamza reste modeste. Il dit avoir d’autres rêves qu’il résume en une seule phrase « J’aimerais bien m’amuser à réaliser encore d’autres choses », affirme-t-il avec un petit sourire.
___________________________________________
Vladimir, un arabisant qui enseigne le russe
Vladimir Zavardine est un ressortissant russe qui vit au Maroc depuis 16 ans déjà. Il avait découvert le Maroc à travers sa femme qu’il avait rencontrée en Russie. « Elle faisait des études de médecine alors que je travaillais déjà comme professeur de langue et il lui arrivait souvent de me parler de ce pays pour lequel j’éprouvais une admiration spéciale ». Une admiration qui allait se transformer en attachement suite à une visite que le couple effectuera au Maroc à l’occasion de son mariage. « Je découvrais un peuple chaleureux et très accueillant.
L’hospitalité des gens m’a beaucoup touché. D’ailleurs je ne trouve pas une grande différence entre la culture russe et celle marocaine. Nous partageons presque les mêmes traditions ». En effet, après quatre années de mariage, le couple décida de revenir au Maroc pour s’y installer définitivement. « C’était une décision difficile car je savais que si je quittais la Russie à cette époque, je n’avais plus le droit d’y revenir. Mais qu’importe du moment que je me sentais déjà parmi les miens depuis que je me suis installé dans ce pays » raconte-il avec émotion.
Actuellement, Vladimir est directeur des cours de langue au Centre culturel russe. Il est également père de deux enfants. Depuis son installation au Maroc, il avait appris à parler la langue arabe couramment. Il le faut bien dans un pays qu’il considère comme le sien…
Source : Le Matin
Chirurgien dentiste de profession, l’artiste peintre Hamza Achour est également un poète. Pour lui, la médecine et l’art sont complémentaires. Entretien.
À quel âge vous vous êtes découvert une vocation d’artiste ?
Je pense qu’on ne se découvre pas, mais qu’on est découvert par quelqu’un. J’ai commencé à faire de la peinture depuis l’âge de 4 ou 5 ans, je dessinais bien et j’avais toujours de très bonnes notes à l’école. Mais en tant qu’artiste, J’ai été découvert par une Française qui était à la tête d’une délégation étrangère au Maroc. J’avais 17 ans à l’époque. Elle a vu un de mes tableaux chez quelqu’un et elle a cherché à me voir. Une fois chez moi, elle m’a emprunté quelques toiles. Elle n’arrivait pas à s’expliquer pourquoi on n’encourage pas les jeunes talents.
D’après vous qui êtes chirurgien dentiste, quel rapport y a-t-il entre la médecine et l’art ?
L’art est un don, la médecine est aussi un don. On peut trouver deux médecins qui ont fait le même cursus mais l’un est plus compétent que l’autre. Mais ceci dit, on peut apprendre les deux. Pour moi, l‘art est une science. On trouve la notion de précision aussi bien dans la médecine que dans l’art. Seulement l’art n’est pas toujours régis par des normes c’est-à-dire il s’est libéré des théories scientifiques ce qui n’est pas possible en médecine. Mais je dois avouer que la médecine m’a aidé beaucoup dans ma carrière artistique. Elle m’a appris la précision qui est une qualité très importante. De même, l’art m’a appris la patience, une autre qualité non moins importante pour l’exercice de la médecine.
Entre la stomatologie et l’art, il y a liens intimes. À tel point que parfois dans les produits utilisés par les chirurgiens dentistes, on trouve des produits dits réservés à l’art dentaire et non par la médecine dentaire. Ce qui corrobore en quelque sorte mes dires.
Pensez vous que Rabat est suffisamment animée culturellement ?
Pour moi, les manifestations culturelles à Rabat sont insuffisantes. La capitale devrait abriter beaucoup plus d’activités. Mais ce que je déplore par-dessus tout c’est l’absence d’un musée d’art plastique dans la capitale du Maroc.
Un tel projet contribuera énormément au son rayonnement de cette ville et permettra d’encourager la création artistique.
Il faut que l’Etat mette en valeur les travaux des artistes en construisant de telles structures.
Il nous faut des institutions artistiques puissantes qui soient des références. Les lauréats des écoles des beaux-arts n’ont devant eux que la grisaille des perspectives en l’absence d’activités ou de structures qui leur permettent de mettre en valeur leurs talents. pour qu’on puisse exporter nos œuvres, il faut qu’on soit appuyé par des institutions artistiques de haut niveau.
Quel âge aviez-vous lorsque vous avez exposé pour la première fois ?
J’ai exposé pour la première fois à l’âge de 14 ans, c’était une exposition collective. Mais le premier à m’avoir invité à exposer c’est le Centre Culturel Français de Rabat. (Institut français actuellement). C’étais en 1987. c’étais une exposition collective également. Mais l’année suivante j’ai fait un exposé individuel. Malheureusement encore une fois, ce sont d’abord des étrangers qui ont reconnu mon talent avant les Marocains.
À part l’art et la médecine, qu’est ce que vous faites de votre temps libre ?
Je fais de la poésie, d’ailleurs je peaufine un recueil qui va être publié dans quelques semaines. Je fais actuellement des études en droit privé à la faculté de droit de l’Agdal. Je pense que l’être humain doit toujours apprendre et diversifier les champs de ses connaissances. Après avoir ouvert mon cabinet de médecine à Rabat, j’ai fait des études de Coran à Dar Al Corane de Abdelhamide Hssaine de Rabat. Et j’ai participé à un concours de psalmodie et remporté le premier prix. C’était vraiment une surprise pour moi, car je ne m’y attendais pas. Ceci dit, je pense que l’on doit lire et apprendre tout le temps.
Vos tableaux sont-ils véhiculaires d’un message quelconque?
J’essaie toujours de faire passer des messages dans mes oeuvres. Un artiste doit être en osmose avec son environnement. Il doit interagir avec son milieu. De nos jours beaucoup de problèmes nous interpellent comme le racisme, la discrimination, les guerres livrées au nom de principes fallacieux. J’essaie de traduire tout cela dans mes tableaux. C’est ma façon de dire non aux injustices.
Laisser un commentaire :
Vous devez être connecté pour publier un commentaire. (Se connecter)