et à ce qu’il a su construire dans sa ville, qu’Aziza Laraki a décidé de faire revivre ce local d’une surface admirable, rue Jabha Al Watanya (ex-rue Rembrandt), au cœur de la ville et à deux pas de la pension où William Burroughs a rédigé, avec Le festin nu, le manifeste de la modernité littéraire nord-américaine. En deux temps, trois mouvements et beaucoup d’efforts et d’investissement personnel, le grand magasin s’est alors vu transformé en un espace d’art venu conférer ce qu’il fallait d’énergie, d’entrain et de bonne humeur à la jeune scène culturelle tangéroise.Depuis l’ouverture de ce lieux unique, dont les événements trouvent échos dans les milieux autorisés de Rabat, Casablanca et Marrakech, jusqu’à Malaga, Madrid et Barcelone, Aziza Laraki a su donner le ton à un espace qui à la fois lui correspond et ressemble à sa ville. Ouvert dans un premier temps en show-room de design, où un accent avait été mis sur les dernières créations de Mounia Fassi Fihri après celles de Bruno Masson (respectivement en juin 2018 et décembre 2017), c’est en juillet 2018 avec l’exposition El Bosque de Los Suenos du plasticien Ilias Selfati (qui jouira par la suite du commissariat d’une insigne exposition collective, Lend Me Your Name, carte blanche montée en juillet 2019, afin de clore en beauté la collaboration de l’artiste avec la galerie) que l’espace a définitivement trouvé sa vocation et la ligne qu’Aziza Laraki se passionne depuis lors à développer : où l’excellence et la plus haute exigence dans la création, le meilleur de l’art contemporain pensé et créé à Tanger, au Nord du Maroc et dans le Royaume entier ont trouvé, dans ce quartier espagnol de l’ancienne ville internationale, une galerie digne de ce nom pour accueillir et défendre une nouvelle tribu d’artistes.La comédienne Amal El Atrache, si populaire, y a accroché ses toiles fauves en décembre 2017, comme le très médiatique Omar Berrada y a présenté ses œuvres et publications les plus récentes, en avril 2018 : ces deux événements ont constitué les prémices de ce que l’on pouvait deviner comme étant l’une des facettes de l’esprit de la Gallery Kent. Omar Saadoune et les toiles de son Insomnia, montrées en juin 2019, en sont un autre aspect, plus arty et tendance, que l’on avait déjà perçu avec Quand les masques tombent de Nadia Chllaoui, exposition ouverte en décembre 2018, suivie un mois plus tard par À visage découvert de Loubna Chawad. On retrouvera enfin cette même humeur, tonique et colorée, en février 2020 avec Damien et son travail Daf Pink Fel Bled.