Pour son exposition PARADOXES, le choix des deux artistes Karim Attar et Abdelilah Rais est atypique, en ce sens que leurs approches sont antagonistes. Tout les oppose ; sujet, matière, lignes et couleurs.
Karim part de son intérieur, en prenant le spectateur en otage, pour extérioriser de façon crue et brutale, ses démons à la manière d’un exorciste en se mettant lui-même en scène sur ses toiles et en inventant des danses que ses créatures perpétuent dans son œuvre. Ses personnages sont terrifiants et cependant portent toujours d’une note d’espoir, de renaissance symbolisés notamment par des ailes de papillons ou la présence d’éléments d’un jeu de cartes pour nous rappeler qu’avec le hasard tout est permis. Il ne s’encombre pas de faire du beau, il use de couleurs criardes, de francs coups de pinceaux, et de lignes affirmées. Son refus du conformisme le pousse à fabriquer lui-même le support pour ses œuvres à partir pâte de papier carton recyclé sur lequel il s’exprime en usant divers matériaux comme la peinture à l’huile et le stylo bille.
Quant à lui, Abdelilah est un observateur, un curieux, un esthète… Sa perception du réel, sa collection de souvenirs, son regard perçant sur le monde qui l’entoure font de son art une internalisation introspective qu’il traduit harmonieusement sur ses tableaux en représentant des foules aux corps entremêlés, aux visages tantôt expressifs, tantôt impassibles. Il laisse libre cours à sa créativité en exploitant pleinement son matériau de prédilection, la peinture à l’huile, sa palette est un dégradé de pastels, et ses lignes sont toujours arrondies et gracieuses… L’accès à son œuvre se mérite, elle est réservée et pudique, à l’image de l’artiste. Il présente une invitation à l’observateur qui devra néanmoins chercher activement les détails qui se nichent là où l’on s’y attend le moins.
PARADOXES.
Jour, nuit. Lumière, Obscurité. Intérieur, Extérieur. Tel est le fil conducteur de cette exposition. Partant d’un point de départ diamétralement opposé, les deux artistes aboutissent à une vérité propre à chacun d’entre eux en utilisant cependant un procédé commun qu’est la distorsion du réel à l’extrême. L’exposition se tiendra du 12 Novembre au 16 Décembre 2016 à la 6.4 Gallery située à L’Opera Plaza Hotel de Marrakech.